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La Bulgarie par la voie des champs

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Bien qu'à seulement trois heures d‘avion de Paris, la Bulgarie fait partie de ces pays méconnus d’Europe centrale. Ses quelques 160 monastères constituent pourtant un patrimoine architectural exceptionnel tandis que ses plaines et ses montagnes offrent des paysages saisissants. Mais découvrir la Bulgarie plonge surtout dans des atmosphères inédites et qui transportent bien au-delà des frontières du vieux continent. Depuis Sofia, en route vers le Sud à travers les campagnes bulgares. Dans le massif du Pirin, région retirée du Sud-Ouest du pays, les villages vibrent encore au rythme des traditions.

Dans le village de Kovatchevitsa, la voix des champs © Géraldine Rué
Après avoir parcouru les sommets enneigés du Vitosha et du Rila, une petite route à travers une forêt séculaire conduit enfin au monastère de Rila, un des plus beaux sites du pays. Fondé au Xème siècle puis partiellement détruit au début du XIXème et enfin reconstruit, cet édifice sacré orthodoxe symbolise la Renaissance nationale bulgare : après plusieurs siècles d’occupation ottomane, les Slaves bulgarophones prenaient conscience de leur identité culturelle.

Monastère de Rila © Géraldine Rué
En plus de nombreuses fresques au raffinement exceptionnel, une section du monastère devenue musée abrite une importante collection de manuscrits et autres pièces uniques. Parmi toutes, la croix de Raphaël est une des plus impressionnantes : sur l’objet en bois, quelques 104 scènes religieuses et 600 personnages ont été sculptés avec la plus grande minutie à l’aide d’une loupe. La légende veut qu’après douze années de travail aussi précis que méticuleux, le moine Raphaël perdit la vue une fois son œuvre achevée.

Frèsque du monastère de Rila © Géraldine Rué
Sur le versant sud du massif du Rila, un petit village attire de plus en plus de visiteurs. Aux portes du parc national du Pirin, Gorno Draglichte est le point de chute idéal pour découvrir la région. Ce succès récent ne tient pourtant pas à sa position géographique : depuis mars 2013, les maisons d’hôte ont enfin l’autorisation de servir des repas, ce qui a permis à une petite dame du village de faire découvrir sa cuisine : ‘’Dechka prépare la tête de veau et le chou farci comme personne dans la région !’’ s’exclame mon guide Lubomir tandis que mon assiette arrive. Habituellement, ce genre de plats est exactement tout ce que je déteste. Pourtant, j’avoue en avoir apprécié chaque bouchée. Mais ma plus grande découverte gustative reste sans aucun conteste le yaourt bulgare. Oubliez tout ce que vous avez mangé jusqu’ici, il est inimitable !

Courges devant maison
‘’Le tourisme chez l’habitant existe depuis une vingtaine d’années seulement. Pendant la période communiste, tout était surveillé et les étrangers ne pouvaient découvrir le pays qu’en réservant des circuits organisés très balisés. Ce tourisme de masse se faisait avec de grands hôtels et des cars entiers pour trimballer les visiteurs d’un endroit à l’autre. C’est tout ! Aujourd'hui, les choses ont enfin changé et les Bulgares sont contents de pouvoir faire découvrir leur culture et leur mode de vie’’ poursuit Lubomir, heureux que son pays s’ouvre enfin au monde extérieur. L’ambiance dans les maisons d’hôte bulgares a en effet un quelque chose d’unique et qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. L’accueil y est chaleureux voire même festif : chaque soirée se termine en chantant et en dansant le horo, la danse nationale bulgare.

Pour écouter les chanteuses de Gorno Draglichte, cliquez sur le lien :
Chanteuses de Gorno Draglitche

Vue sur Dobarsko et le Pirin © Géraldine Rué
Perché sur une colline au cœur du massif du Pirin, Dobarsko offre un panorama unique sur les montagnes alentours tandis qu’une balade dans ses petites rues est une plongée dans la vie campagnarde d’autrefois : de vieux modèles de Moscovitch sont stationnés devant les maisons tandis que le bois s'entasse pour passer l'hiver, des paysans rentrent du champ à dos d’âne et d’autres cultivent paisiblement leur jardin. Le temps semble s’être arrêté à Dobarsko. Ce village abrite pourtant un des plus beaux monuments du patrimoine bulgare : l’église Saint Théodore Tiron et Théodore Stratilate suscite l’admiration et l’une de ses fresques, la curiosité. Un Christ apparaît à l’intérieur d’une étrange fusée orange.

Maison dans Dobarsko © Géraldine Rué
En sortant de l’église, quatre petites grand-mères me proposent de les suivre dans une superette car j’ai l’air frigorifiée. Elle commande pour moi un verre de rakia chaud, solution ultime à mes problèmes de thermorégulation. Pour elles, ce sera un café autour d’un sac de graines de courge, comme elles en ont l’habitude chaque matin à 10h 30. ‘’Nous cultivons nos potagers quotidiennement mais deux fois par jours, nous nous octroyons une pause !’’ m’explique l’une d’entre elles. Avec une pension d’à peine 1 000 leva (soit 100 euros) par mois, ce travail est indispensable pour subvenir à leurs besoins. Leurs mains sont abîmées mais elles gardent le sourire : ‘’Nous n’avons pas de souci et nous sommes très heureuses ainsi. Et tu sais, nous avons suffisamment d’argent pour gâter nos petits-enfants !’’ m'expliquent-elles fièrement.

Mains d'une des mamies de Dobarsko © Géraldine Rué

A 11 heures pétantes, la lumière inonde le banc situé juste en face de la supérette et le moment est venu pour mes quatre mamies de poursuivre leur conversation en profitant du soleil. Je les laisse à leur papotage certaine d’une chose : elles ne font pas passer le temps, il leurs appartient !

Mamies de Dobarsko © Géraldine Rué

 

Toujours plus au Sud, j’assiste dans la ville de Raslog à un événement exceptionnel : au mois de janvier pour la nouvelle année et au mois de mars pour l’arrivée du printemps, les habitants revêtent d’impressionnants costumes en peau de chèvre auxquels sont accrochés des cloches de vache. Aussi effrayants que bruyants, les défilés de babugeri permettent de commencer un nouveau cycle en chassant les mauvais esprits de la ville. Une tradition païenne très ancienne que les tribus thraces pratiquaient déjà il y a plus de 1 000 ans en arrière.

Babugeri à Raslog © Géraldine Rué
Dernière étape de mon voyage, le village de Novo Leski est situé à seulement 14 km de la frontière avec la Grèce. Ce lieu n’apparaît sur aucun circuit touristique et pourtant, ses habitants m’ont offert des moments inoubliables : "Pour nos traditions et notre culture, dis-toi que tu es en Macédoine bulgare et non en Bulgarie macédonienne !" insiste Stefan. Originaire du village, il est leader du groupe de musique traditionnelle de Novo Leski et s'apprête à me faire découvrir quelques danses uniques : "Nous dansons le horo comme dans toute la Bulgarie mais ici, nous avons des pas de danse uniques et que tu ne verras nulle part ailleurs !"

Petite-fille de Stefan habillée en costume traditionnelle de Novo Leski © Géraldine Rué

Kiril accorde son tamboura, Georgy fait chauffer la peau de son daïré, et hommes et femmes se réunissent dans la salle des fêtes. Place à la musique, et à la danse !
En découvrant la Bulgarie par la voie des champs, je suis arrivée à la voix des chants.


Géraldine Rué

Préparer son voyage :
www.bulgariatravel.org
Allibert trekking propose des itinéraires combinant des randonnées en raquettes ou à ski et la découverte des villages bulgares : www.allibert-trekking-bulgarie

 


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